Pour mettre son miel sur le marché en toute légalité, l’apiculteur doit respecter des règles d’étiquetage strictes. Loin d’être une simple formalité, l’étiquette du pot de miel garantit la transparence envers le consommateur, assure la traçabilité du produit et valorise le travail de l’apiculteur.
Mais attention : entre mentions obligatoires, mentions interdites, nouvelles consignes de tri et exigences sur les dénominations de vente, la réglementation a évolué ces dernières années.
Dans cet article complet, nous vous guidons étape par étape pour concevoir une étiquette conforme, informative et valorisante, tout en évitant les erreurs fréquentes.
Comprendre les trois facettes de l’étiquetage.
Lorsque vous étiquetez votre miel, vous répondez en réalité à plusieurs exigences qui peuvent être regroupées en trois catégories principales, applicables à toutes les denrées alimentaires :
- L’étiquetage informatif : Il fournit les détails essentiels, comme la liste des ingrédients, la DDM, le poids net et surtout l’origine
- L’étiquetage nutritionnel : Il concerne le contenu de l’aliment en termes d'énergie et de nutriments
- Les allégations : Ce sont les mentions affichées qui peuvent concerner la santé ou la nutrition
Ce que dit la réglementation sur le miel
Le miel est défini par la directive européenne 2001/110/CE et le décret français n°2003-587. Il s’agit d’une substance sucrée naturelle produite par les abeilles (Apis mellifera) à partir du nectar des plantes ou des sécrétions d’insectes suceurs. Les abeilles les entreposent et les laissent mûrir dans les rayons de la ruche.
Pour être commercialisé sous l’appellation « miel », le produit ne doit faire l’objet d’aucune addition : ni sucre, ni arôme, ni additif, ni autre ingrédient alimentaire. Le miel est un produit unique, pur, dont la composition est strictement encadrée par la loi.
Dès lors qu’un ingrédient est ajouté, le produit ne peut plus porter la dénomination "miel". Il devra alors être nommé de façon descriptive, par exemple : « préparation à base de miel et de gelée royale ».
Enfin, la réglementation impose que les constituants naturels du miel, comme le pollen, ne soient pas retirés (à l’exception du miel filtré). Cette exigence vise à préserver l’authenticité du produit.
Ce qu'il faut retenir en infographie

Les mentions obligatoires sur l’étiquette d’un pot de miel
Pour qu’un pot de miel soit légalement commercialisable en France, il doit comporter six mentions obligatoires, toutes clairement lisibles, sans ambiguïté, conformément au décret n°2003-587 et au règlement INCO (UE) n°1169/2011.
1. La dénomination de vente
Il s’agit du nom réglementaire du produit : miel de fleurs, miel de miellat, miel filtré, miel en rayons, etc. Cette dénomination peut être complétée par :
- Une origine florale : ex. miel d’acacia, miel de lavande
- Une origine géographique : ex. miel de montagne, miel de Provence
- Un critère qualitatif : ex. miel crémeux, miel de printemps
Si vous souhaitez ajouter une double indication florale ou végétale - par exemple, « miel de thym et de lavande » - vous le pouvez ! Mais pour cela, il faut que les fleurs mentionnées aient poussé dans la même zone géographique et durant la même période de production. Si ces critères ne sont pas remplis, le terme « mélange » doit apparaître très clairement sur l'étiquette.
2. Le poids net
Mention obligatoire à partir de 5g, sous la forme : « Poids net : … g » ou « … kg ». Elle doit respecter une taille minimale de caractère :
- Étiquette > 80 cm² : 1,2 mm minimum
- Étiquette < 80 cm² : 0,9 mm minimum
3. La date de durabilité minimale (DDM)
Formulation : « à consommer de préférence avant fin … ». Elle dépend de la durée de conservation :
- Entre 3 et 18 mois : mois + année
- Plus de 18 mois : année seule
4. Le nom ou la raison sociale et l’adresse
Doit figurer sur le pot : l’apiculteur, le conditionneur ou le vendeur. Ces coordonnées sont essentielles pour assurer la traçabilité de votre produit. Vous avez la possibilité d'y ajouter votre numéro de SIRET ou votre code emballeur. Si vous en faites la demande, ce code emballeur est fourni par une Direction départementale de la protection des populations (DDPP) ou, selon les départements, une Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP).
5. Le numéro de lot
Il peut être remplacé par la DDM si elle est clairement exprimée. Exemple : Lot n° 2025/01 ou L2025A.
6. Le pays d’origine
Le contexte derrière la transparence.
Ce durcissement réglementaire n'est pas anodin. Il est le fruit d'une pression des associations de consommateurs et d'apiculteurs, comme l'UNAF, qui souhaitent une plus grande transparence. En effet, la France est un grand importateur de miel, estimé à près de 70 % des produits commercialisés sur le marché français (soit environ 51 000 tonnes). Face à la multiplication des provenances, le risque de trafic frauduleux augmente. Le décret d’avril 2022 est une réponse directe qui vise deux objectifs principaux : lutter contre la fraude et encourager la production locale en promouvant les produits du terroir français. Il met fin aux formulations ambiguës comme « mélange de miels originaire de l'UE ».
Indiquer l’origine du miel (le pays où il a été récolté) est une obligation légale. Pour un miel non mélangé, c'est simple : vous pouvez utiliser des formulations claires comme « Récolté en France », « Origine France », « Produit en France ».
Mais la situation se complique en cas de mélange de miels, car la réglementation a récemment changé pour garantir plus de transparence au consommateur. La règle est très stricte depuis le décret n° 2022-482 du 4 avril 2022. Ce texte stipule que :
- Si le mélange est conditionné en France : Vous devez obligatoirement mentionner le nom de tous les pays d’origine des miels, en les listant par ordre de poids décroissant (ordre pondéral)
- Si le mélange est conditionné hors de France : En vertu du principe de reconnaissance mutuelle, les anciennes mentions globales restent autorisées. Vous avez le choix entre trois formulations exactes : « Mélange de miels originaires de l’UE », « Mélange de miels non originaires de l’UE », « Mélange de miels originaires et non originaires de l’UE »
7. Les consignes de tri (depuis 2023)
Depuis le 9 mars 2023, l’étiquette de miel doit comporter la signalétique Info-tri :
- Le logo Triman (obligatoire)
- La composition de l’emballage (pot, couvercle, opercule, etc.)
- La destination des éléments (poubelle, bac de tri…)
Cette information est transmise par l’éco-organisme (CITEO, Adelphe…). La taille minimale du logo est de 10 mm.
Les mentions facultatives autorisées
En plus des mentions obligatoires, les apiculteurs peuvent enrichir leurs étiquettes avec certaines mentions informatives, sous réserve qu’elles ne soient ni trompeuses ni ambiguës pour le consommateur.
1. Origine florale ou végétale
Il est possible d’indiquer des mentions comme « miel de lavande », « miel de thym », à condition que :
- Ces fleurs soient dominantes dans la récolte
- Leur période de floraison et leur origine soient identiques
- En cas de mélange : mention « mélange » obligatoire (ex. : « mélange de miels de thym et de lavande »)
2. Origine géographique ou topographique
Des appellations telles que « miel de montagne », « miel du Jura » ou « miel de Provence » sont autorisées si :
- Le miel provient exclusivement de cette zone géographique
- L’origine est clairement identifiable (le pays doit être mentionné)
- Exemple interdit : « miel de Crète » sans préciser « origine Grèce »
3. Critères spécifiques de qualité
Vous pouvez ajouter des indications comme :
- « miel de printemps »
- « miel crémeux »
- « miel liquide »
Ces mentions ne sont pas des dénominations de vente mais des informations complémentaires.
4. Mentions valorisantes autorisées
Vous pouvez aussi faire figurer :
- « Récolté et mis en pot par l’apiculteur », si cela est vrai
- Labels : AOP, IGP, Label Rouge, AB (sous conditions de certification)
Soyez prudent avec les affirmations comme « mis en pot par l’apiculteur » ou « sélectionné par l’apiculteur ». Bien que ces mentions soient courantes, elles ne garantissent pas légalement que le miel provient exclusivement de la récolte de cet apiculteur. Si le consommateur est induit en erreur sur l'exclusivité de l'origine, cela pourrait vous exposer à des problèmes.
Les mentions interdites à ne pas apposer
La réglementation française et européenne encadre strictement l’étiquetage du miel. Certaines expressions sont interdites car elles peuvent induire le consommateur en erreur, prêter à confusion, ou valoriser à tort un produit.
1. Termes valorisants non autorisés
Les termes suivants ne doivent pas figurer sur les étiquettes :
- « Miel naturel »
- « Pur miel »
- « 100% miel »
- « Miel de terroir »
- « Miel de pays »
Ces expressions sont interdites parce qu’elles laissent croire à une qualité supérieure ou à une composition unique, ce qui n'est pas conforme au principe de transparence réglementaire. En revanche, l'expression « Le miel est un produit issu de la nature » est tout à fait autorisée.
2. Mentions interdites sur les préparations
N'oubliez jamais que le miel pur ne peut faire l’objet d’aucune addition de substances alimentaires ou d’additifs. C’est sa définition même qui le protège. Par conséquent, si vous décidez d'ajouter un ingrédient, comme de la gelée royale ou même un produit précieux comme la truffe, le produit ne peut plus être appelé simplement « miel ».
Il devra alors porter une dénomination descriptive claire et appropriée, par exemple :
- « Préparation à base de miel et de gelée royale »
- « Préparation à base de miel et de truffes »
Pour ces préparations, vous avez l'obligation d'indiquer la liste des ingrédients avec leurs pourcentages respectifs.
3. Mauvaises dénominations géographiques ou topographiques
Certaines mentions géographiques sont interdites si l’origine n’est pas clairement définie :
- « Miel de Crète » sans « Origine : Grèce »
- « Miel de la plage » sans justification de provenance
Toute mention de type régionale ou topographique doit être justifiée et accompagnée du pays d’origine explicite.
4. Mauvaises dénominations techniques
Les dénominations suivantes ne sont pas conformes, soit parce qu'elles sont trompeuses, soit parce qu'elles sont techniquement incorrectes :
- « Miel d’alvéoles » (il faut le remplacer par « miel avec morceaux de rayons »)
- « Miel liquide », « crémeux », « doré » : ces termes ne sont pas des dénominations de vente, mais peuvent être utilisés comme simples mentions informatives
- « Miel toutes fleurs » ou « Miel mille fleurs » : même chose, ces expressions sont tolérées à titre de mentions informatives pour décrire le produit, mais ne peuvent en aucun cas servir de dénomination de vente officielle.
Les exigences de présentation
En plus des mentions obligatoires et autorisées, l’étiquette d’un pot de miel doit respecter des règles précises de lisibilité, de présentation visuelle et de formatage.
1. La quantité nette
Elle doit apparaître clairement sous la forme : « Poids net : ... g » ou « ... kg », selon le conditionnement. Cette mention est obligatoire pour tout contenant supérieur à 5g.
Tous les grammages sont autorisés, mais la lisibilité doit être parfaite, sans ambiguïté.
2. Taille minimale des caractères
Le Règlement INCO (UE) n°1169/2011 impose une taille minimale de police pour les mentions légales :
- Étiquette supérieure à 80 cm² : 1,2 mm de hauteur minimum
- Étiquette inférieure à 80 cm² : 0,9 mm de hauteur minimum
Cela garantit que les informations soient facilement lisibles par le consommateur.
3. Disposition et lisibilité
- Les mentions doivent être clairement visibles, dans une zone bien exposée du pot
- L’usage de polices trop décoratives, ou de couleurs peu contrastées avec le fond, est à éviter
- Il est recommandé de séparer les informations légales des mentions marketing
4. Supports d’impression
L’étiquette peut être en papier, plastique ou tout autre support, à condition de rester intacte, lisible et durable pendant toute la durée de vie du produit.
Les consignes de tri et l’étiquetage environnemental
Depuis le 1er janvier 2022, et de manière obligatoire depuis le 9 mars 2023, tous les emballages de denrées alimentaires, y compris les pots de miel, doivent comporter une signalétique de tri appelée « Info-tri ».
1. Le logo Triman
Le logo Triman est désormais obligatoire sur l’étiquette ou l’emballage. Il permet d’indiquer au consommateur :
- Que l’emballage est recyclable
- Dans quelle poubelle ou bac de tri il doit être jeté
Ce logo peut être :
- En noir et blanc ou en couleur
- Sous forme compacte (6 mm minimum) ou standard (10 mm minimum)
- Apposé directement sur l’étiquette ou sur un flyer joint à l’emballage
2. Informations complémentaires à faire figurer
En plus du logo Triman, l’info-tri doit indiquer :
- La composition de l’emballage (pot en verre, opercule, couvercle...)
- La destination de chaque élément : verre → bac verre ; couvercle métal → tri sélectif ; etc.
- Optionnel : le cartouche « Le tri + facile »
3. Inscription à un éco-organisme
Chaque apiculteur mettant en marché ses pots doit être inscrit auprès d’un éco-organisme agréé (ex. : CITEO, Adelphe).
Après inscription et paiement de la contribution, vous recevrez les éléments graphiques à apposer sur vos emballages.
Conclusion
L’étiquetage du miel ne doit rien laisser au hasard. Pour être conforme à la réglementation française et européenne, chaque pot doit mentionner clairement sa dénomination de vente, son origine, son poids net, la DDM, le lot, ainsi que les coordonnées du responsable.
Attention également à ne pas utiliser d’expressions trompeuses ou interdites, comme "pur miel" ou "100 % miel", qui pourraient vous exposer à des sanctions. Le respect des règles d’étiquetage contribue à instaurer une relation de confiance avec vos consommateurs.
Enfin, n’oubliez pas l’Info-tri : depuis 2023, le logo Triman et les consignes de tri sont obligatoires pour tout emballage, et font désormais partie intégrante d’une étiquette bien conçue.
En respectant ces bonnes pratiques, vous valorisez non seulement votre production apicole, mais vous participez aussi à une apiculture responsable et transparente.
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